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 JOURNAL L'ENVOL


L'OLFACTION

par Michel Bourdeau


L'odorat, le flair ou le nez est l'une des meilleures armes dont dispose un chien de chasse pour réussir à trouver, localiser ou déloger le gibier.

Même si le système olfactif du chien est fort puissant, il n’est ni parfait ni en mesure de toujours fonctionner dans des conditions idéales. Celles-ci peuvent varier de nulles à excellentes et ainsi entraver ou faciliter l’aptitude du chien à localiser son gibier. De nombreux facteurs interviennent pour affecter cet appareil olfactif. La race, l’âge, l’entraînement ou la spécialisation, l’efficacité et l’expérience, l’état de santé et la forme physique sont des facteurs d’ordre interne. A l’externe il y a le type de gibier, la force du vent, la température ambiante, les conditions météorologiques, la végétation et les lieux.

Nous verrons les variables qui influencent tant l’aptitude olfactive de notre auxiliaire et pourquoi l’odeur du gibier ne s’étale pas uniformément dans la nature.


Facultés olfactives

On considère que les facultés olfactives du chien sont 600 fois supérieures à celles de l’être humain. Le nombre de cellules olfactives (ethmoïdales) est de 5 millions chez l’être humain, alors que le chien en possède de 125 à 150 millions. Aussi, nous avons du mal à imaginer la joie, l’excitation ou la prudence que suscite chez le chien la pénétration dans la muqueuse nasale de bonnes odeurs. Ces différents comportements à l’odeur démontrent à la fois la sensibilité et la fragilité extrêmes des cellules olfactives qui collationnent et répertorient en les millions d’exemplaires de senteurs.


Les chiens ont une membrane olfactive plus grande que chez les humains. Les molécules odorantes se lient aux cellules olfactives et sont transmises au cerveau.

Puisque le nez du chien est la source de ses autres mérites et que le nez est une sorte de capteur qui conditionne ses comportements et provoque toute une gamme d’émotions, de plaisirs et d’excitations; comment fonctionne donc ce phénomène magique de l’odorat, ce processus complexe qu’est l’appareil olfactif du chien ?

Le chien capte l’odeur lorsqu’il inhale l’air environnant. Le chien cherche donc dans son action de chasse qu’est sa quête à capter des effluves, des molécules odorantes véhiculées dans l’air. Ainsi, lorsque l’air aspiré par les narines capte l’émanation, celle-ci se dirige vers les poumons et une certaine partie pénètre dans une profonde cavité tapissée de récepteurs d’odeurs. Les molécules d’odeurs entrent donc en contact avec les très nombreuses cellules réceptrices qui équipent la muqueuse nasale du chien et qui reçoivent l’information essentielle de la présence du gibier. Cette information est transmise sous forme d’impulsions sensorielles par l’intermédiaire de connexions nerveuses aux centres cérébraux qui l’enregistre et est chargé de la traiter pour ainsi permettre l’identification de l’émanation. Les liaisons nerveuses fonctionnent par réactions chimio-électriques quasi-instantanées. L’analyse de ces données olfactives constitue alors la nature des ordres émis en réponse par le cerveau dictant les agissements du chien face au gibier détecté. Ces ordres sont transmis par d’autres connexions nerveuses fonctionnant cette fois de l’encéphale vers les organes, en sens inverse de celui de la circulation des informations fournies par les molécules odorantes captées par les cellules olfactives.

Principalement une piètre forme physique est un facteur qui peut entraver ses qualités olfactives. En d’autres termes, plus le chien est en forme, plus il a de chances de capter l’émanation du gibier. Un chien à bout de souffle est trop fatigué et déconcentré pour trouver et dénicher les oiseaux. Ce n’est généralement pas parce qu’il ne cherche pas, mais plutôt parce qu’il n’arrive pas à les sentir.

Refroidissement du cerveau

L’évaporation produite par les muqueuses de la bouche et de la langue ne procure qu’un très faible effet de refroidissement. Il apparaît que le nez du chien pourrait jouer un rôle beaucoup plus important dans le refroidissement du cerveau canin. En effet, le nez est doté d’une surface d’évaporation 20 fois supérieure à celle de la langue à cause du réseau complexe des petits os courbes qui garnissent les fosses nasales et qui sont très riches en vaisseaux sanguins;
cela permet le refroidissement du sang qui pénètre dans la membrane nasale. De plus, les muqueuses qui permettent l’humidification du nez contribuent ainsi au processus d’évaporation. Le sang, refroidi par le nez du chien, se déverse ensuite dans un creux entourant les artères qui alimentent le cerveau, cela empêche que le cerveau atteigne des températures critiques.

Voyons ce qui arrive aux facultés olfactives quand le chien est surmené et qu’il a chaud. Le chien halète rapidement et le rythme de sa respiration peut être aussi précipité que cinq courtes inhalations à la seconde. Il halète si intensément qu’il n’arrive pas à détecter à temps le cône de senteur flottant dans l’air et émanant de l’oiseau ou bien soit que l’air se précipite dans ses narines et les odeurs peuvent ne pas atteindre les récepteurs en quantité suffisante ou leur présence dans la cavité peut être trop brève pour permettre leur analyse. Même le chien en bonne condition physique doit être mis fréquemment au repos afin qu’il travaille sans “surchauffer”. En fait, le chien doit courir après l’odeur non pas après son souffle! Donc, la température ambiante est un facteur environnemental ayant une influence capitale sur l’aptitude olfactive du chien et que les journées fraîches d’automne facilitent son refroidissement et ses capacités.


Style et type de nez

Il faut savoir que tous les chiens ne sont pas dotés du même potentiel sensoriel. Certains s’en sortent mieux que d’autres, soit qu’ils sont plus doués sur le plan de la puissance et de la finesse de nez, soit qu’ils sont capables de mieux analyser les informations reçues, soit les deux à la fois. Dans ce cas, comme disent les initiés en les qualifiant de “nez fin”, “grand nez”, “bon nez” ou bien “long nez”; cette puissance leur permet d’accomplir sûrement leur travail, de ne pas tâtonner, de déceler une odeur et de remonter jusqu’au gibier.

Un chien au grand nez est généralement pourvu des moyens physiques qui vont de pair. Ses pattes et ses possibilités de galop sont généralement mises au service de son nez puisque sa rapidité et son ampleur lui permettent de battre beaucoup de terrain en un temps record. Par contre le phénomène inverse peut survenir et l’on dit alors qu’il est trop rapide pour son nez! Il ne faut pas s’imaginer qu’un chien au nez plus court soit infirme car il compensera généralement et avec l’expérience et cherchera avec plus d’application et de minutie.

En fonction de leurs dons innés, génétiquement fixés, les chiens n’utilisent pas de la même manière leurs aptitudes sensorielles. Leur mode et façon de chasser différent entre eux tels que le travail des chiens d’arrêts, des chiens courants, les chiens leveurs et les chiens rapporteurs.

La caractéristique du chien d’arrêt est de chasser avec un port de tête et un nez hauts. Il peut ainsi renifler et capter les légères émanations aériennes d’un oiseau, c’est-à-dire son odeur corporelle (body scent) dans l’atmosphère ambiante pour ainsi le détecter de plus loin. Par contre, certains chiens continentaux n’hésitent pas à poser le nez au sol pour s’assurer du passage d’un gibier, principalement lorsqu’il est blessé un peu à la façon des courants.

Le chien courant chasse le nez au sol pour flairer la piste (footprint) du gibier, son passage sur les lieux ou de légères particules suspendues au ras du sol comme un brouillard. Un bon odorat et la finesse de son nez restent donc les qualités premières de ce type de chien.

Pour ce qui est du chien leveur, celui-ci conjugue ces deux talents. En fait, sans pouvoir dire qu’il n’a pas la puissance de nez du chien d’arrêt ou un nez court, disons qu’il n’en n’a pas le style, cependant il utilise les mêmes principes que celui-ci pour détecter les émanations corporelles de l’oiseau, ce à moindre distance. Ajouté à ceci la capacité de pister le gibier à plumes et à poils qui est en mouvement (ex: l’oiseau piéteur). Certains chassent la tête basse, captant la trace du gibier qui se déplace et la poursuivant jusqu’à produire le gibier. D’autres suivront la senteur corporelle du gibier qui se déplace et n’utiliseront la trace que comme guide.

Le chien rapporteur est utilisé davantage à la recherche du gibier tué ou blessé ainsi qu’au rapport. Il possède en partie les qualités du chien leveur Outre son sens beaucoup plus développé pour bien marquer le gibier abattu, il utilise l’odeur corporelle pour relocaliser la pièce. Il a tendance à chasser le nez plus bas vers le sol, ce qui en fait un excellent pisteur pour retrouver l’oiseau blessé en mouvement qui s’esquive dans les joncs marécageux.


L’odeur (le scent)

Toute les créatures vivantes, animales ou végétales, émettent une odeur. Pour le gibier, c’est l’effluve qu’il dégage qui varie selon chaque gibier, selon l’âge, la course ou le vol, le lieu, la température et l’heure. En ce qui concerne le gibier en général, l’odeur peut être véhiculée dans l’air (air scent) ou bien laissée au sol (ground scent). Il semble avoir plusieurs sources d’odeurs; l’odeur corporelle (body scent), l’odeur de la voie, empreintes huileuses laissée par les pieds lors du passage, l’odeur laissée dans l’air ambient par ses émanations corporelles enfin l’odeur du sang (blood scent) s’il est blessé. Pour notre intérêt commun de chasseurs d’oiseaux, j’aborderai donc les odeurs caractérisant le gibier à plumes.

Origine de l’odeur corporelle

Expliquons la provenance de l’odeur corporelle, propre à chaque oiseau. La peau des oiseaux n’a pas de glandes sudoripares ni glandes sébacées. Les sécrétions grasses de l’épiderme constituent la source des matériaux de nature lipidique requis pour maintenir la souplesse et l’élasticité de la peau. Les seules autres glandes spécialisées assimilables aux glandes sébacées seraient la glande du conduit auditif externe et les glandes uropygiennes celles-ci au nombre de deux (2). Les glandes uropygiennes siègent sous la peau au niveau des dernières vertèbres de la queue et à la base du croupion. Chaque glande a son conduit évacuateur et leur sécrétion externe répand une forte odeur consistée d’un sébum huileux riche en matières grasses, en esters d’un alcool et en de nombreux autres produits. L’oiseau prend cette sécrétion avec son bec afin de l’appliquer et de l’étaler sur son plumage, afin que la matière grasse le rend imperméable. Une partie des produits constituant la sécrétion des glandes uropygiennes, est spécifique à chaque espèce. De nature volatile et elle se retrouve dans l’air autour de l’oiseau. L’odeur de l’oiseau est donc matérialisée par la densité des molécules odorantes produites par les sécrétions des glandes uropygiennes et par celles de leur peau. Dans ce cas précis, signalons aussi la production continue d’un duvet poudreux volatil qui sert à assouplir la peau. Elles contiennent des éléments volatils odorants qui sont relâchés dans l’air et sont transportés par les mouvements d’air. C’est donc cette odeur qui est captée par l’odorat du chien. Concernant la quantité des molécules odorantes, on irait jusqu’à dire que l’odeur de l’oiseau mâle est plus prononcée que celle des femelles. Sans être prouvé, cela semble possible, puisqu’une femelle sur le nid serait biologiquement programmée pour dégager moins d’odeurs. Mais attention, n’allons pas soulever ici la fameuse histoire du phénomène non fondé de la possibilité de rétention d’odeur de la bécasse.

En plus de l’odeur corporelle de l’oiseau, il semblerait que chez le chien d’arrêt, celui-ci perçoit à la fois l’odeur dégagée par le corps et par l’haleine de l’oiseau. De nombreux chasseurs et dresseurs, ayant une longue expérience du chien d’arrêt, s’accordent pour dire que l’haleine de l’oiseau constitue la principale odeur sur laquelle le chien fonde son travail. On explique cette théorie par le fait que le chien arrive à distinguer entre le gibier qui respire normalement, l’oiseau blessé qui respire anormalement et l’oiseau mort. Cette capacité à identifier la condition physique de la pièce tiendrait surtout aux altérations de l’haleine ou à son absence totale chez l’oiseau mort. En fait, il est remarquable de voir combien le chien trouve beaucoup plus rapidement le gibier vivant que la pièce blessée, cette dernière en état de choc, respire moins fort.

Ceux qui doutent de la théorie de l’haleine peuvent soutenir que l’aptitude du chien à déceler les diverses conditions physiques du gibier est due aux variations d’odeur corporelle émanant de l’oiseau. En effet, tout choc du métabolisme ou changement subi par un organisme vivant affecte probablement l’odeur corporelle. Toutefois, il semblerait que lorsqu’il recherche ses oiseaux, le chien d’arrêt soit surtout intéressé par leur haleine. On base aussi cette théorie sur le fait que lorsque l’on entraîne avec des oiseaux lâchés et remisés, le chien a plus de difficulté à éventer l’oiseau remisé avec la tête sous l’aile que celui planté au milieu d’un taillis dont une aile est entravée. Le fait aussi fréquent du chien qui cherche pendant un long moment un gibier abattu dans un couvert clairsemé où le gibier est au sol et que le chien est passé plusieurs fois à cet endroit. Le chien se concentrait alors d’avantage sur l’odeur de l’haleine plutôt que sur l’odeur du corps! Pour ma part, cette théorie est plausible, mais je ne lui accorde pas un coéfficient élevé par rapport à celle de l’odeur corporelle, que je considère comme le facteur d’odeur primordial pour un oiseau remisé. Pour ce qui est de la distinction, par le chien, entre une odeur fraîche et celle d’un oiseau blessé, je crois plutôt que le résultat est beaucoup plus au niveau de l’expérience acquise par le chien.

Les oiseaux produisent et perdent de leur plumage et peau, des petites particules telles que des poussières, des pellicules de peaux mortes, des bactéries, etc... qui se déposent au sol et sur la végétation. Ces dépôts de particules odorantes peuvent être maintenus dans les airs ou/et transportés par le vent et ce très près du sol. Cette situation peut très bien être visualisée par l’exemple de plusieurs spaniels et rapporteurs qui prennent une ligne de senteur d’un oiseau blessé et qui dans une conduite de vent de côté progressent sous le vent à quelques pieds de la ligne d’odeur. Pour l’oiseau qui s’est déplacé avant l’arrivée du chien, laisse des dépôts au sol qui marquent sa progression par sa piste. Le chien peut facilement reconnaître la direction vers laquelle l’oiseau s’est déplacé, parce que celui-ci avance et progresse dans l’odeur plus dense. Dans l’autre cas, en remontant la piste, la densité de l’odeur diminuerait.


Des plumes spéciales croissent de façon continue et produisent un duvet poudreux qui sert à lubrifier et à assouplir la peau de l’oiseaux. Ce duvet s’imprègne de l’odeur corporelle de l’oiseau et s’échappe dans le milieu ambiant.

Ces fameuses particules provenant du plumage et de la peau des oiseaux s’avèrent beaucoup plus présentes chez l’oiseau d’élevage et sont à surveiller lors de simulation et de lâcher d’oiseaux. Vous comprendrez que pour réussir une simulation, il est important d’apporter le plus de précautions possibles. Vous devriez transporter en tout temps vos oiseaux en les laissant dans votre veste ou dans une cage de transport et ce jusqu’à la position de lâcher, de façon à ce que l’oiseau sur votre passage, ne laisse pas de dépôts au sol ni de particules et qu’il ne soit pas exposé au vent. Une telle situation produirait de fausses odeurs qui déconcerteraient le chien. Rendu à la position de lâcher, vous devriez déposer délicatement l’oiseau de façon à réduire les chutes de particules au minimum. Toute brusquerie augmente la propagation de particules créant ainsi un lieu très odoriférant et non naturel (hot spot) qui pourrait devenir très difficile et confondant pour le chien. Dans plusieurs cas, un chien travaillant sur ces odeurs donne souvent la chance à l’oiseau de s’échapper.

Le phénomène de la voie est surtout présent pour les mammifères et dans le monde du chien courant. C’est l’empreinte odorante laissée par le gibier sur son passage. Sa qualité s’entoure de mille nuances subtiles. On dit qu’elle est “bonne” ou pas et ce, dépendamment des conditions climatiques. Elle est dite “chaude” quand l’animal vient de passer et “froide” si elle est déjà vieille de plusieurs heures. Un certain chercheur avait trouvé que l’épiderme de la plante des pieds de certaines espèces d’oiseaux pouvait avoir une sécrétion de nature lipidique (Varicek, 1938), sans aucune autre confirmation à ce sujet. Ainsi, on peut bien comprendre qu’une piste est généralement laissée par un mammifère et suivie lentement, le nez au sol, tandis qu’une trace aéroportée peut être laissée sur le passage de l’oiseau et peut être suivie rapidement la tête haute.


Le cône d’émanations

Comme on ne peut pas voir l’odeur, plusieurs considèrent qu’elle voyage plutôt comme la fumée d’un feu de feuilles et selon les conditions climatiques, soit qu’elle voyage près du sol ou qu’elle s’élève à quelques mètres, emportée par un coup de vent. Elle peut redescendre, mais de façon beaucoup moins dense. Par vent nul, elle s’évasera autour du foyer et montera lentement. Emportée par une brise légère, elle peut se comparer à une traînée conique, pas forcément régulière, un peu à la facon dont se propage la fumée d’un cigare. On explique donc cette situation, parce ce que l’on appelle traditionnellement le cône d’odeur “cône d’émanations” qui est en fait la masse d’air porteuse des odeurs du gibier. On dit cône parce que les effluves qui ont pour base l’odeur de l’oiseau, se développent dans l’air en cercles croissants. C’est ce qui caractérise donc l’odeur corporelle d’un oiseau immobile et remisé.


Le vent

Je n’aborderai pas ici l’utilisation du vent par le chien dans son action de chasse et ce qui doit moduler sa quête et son patron pour bien couvrir son terrain. C’est un sujet en soi. J’aborderai plutôt les effets du vent et son influence sur les conditions d’odorat. En comprenant mieux la façon dont les odeurs sont dispersées par le vent, nous pouvons apprendre à mieux les utiliser. Évidemment, tout chien doit être situer sous le vent du gibier pour pouvoir utiliser efficacement son nez afin de localiser l’oiseau par l’odeur. Le vent est donc le véhicule des particules odorantes. Il colporte des informations qui révélent la présence de l’oiseau ou des informations plus subtiles que le chien doit interpréter. Le vent, cette masse d’air mouvante, peut être le meilleur allié du chien ou son pire ennemi. Le vent peut apporter des masses d’air humides et fraîches favorables à l’olfaction ou des masses d’air sèches défavorables. En l’absence de vent, les émanations peuvent monter très rapidement s’il fait chaud ou moins se repandre s’il fait froid. Dans cette situation, le chien aurait avantage à interpréter la moindre odeur au sol.

Revenons donc à notre fameux “cône d’émanations” et à la vélocité du vent. Dans une situation de brise légère, le vent, en plus de maintenir de bonnes conditions, soutient un cône avec un angle très ouvert, donc le chien a une plus grande chance dans sa quête de capter les effluves du gibier. Avec un peu d’expérience, vous y verrez très bien le travail du chien qui ayant capté l’odeur, referme son sillage à mesure qu’il remonte dans le cône et s’approche du gibier. Un vent avec une force moyenne aura tendance à refermer l’ouverture, l’angle du cône et devrait, en théorie, transporter les effluves du gibier à une plus grande distance dans la direction du vent. En contrepartie, un vent violent modifie complètement la géométrie du cône qui devient qu’une ligne, un filet d’odeur dispersé très rapidement. L’odeur devient donc diffuse et dans ce cas se dissémine. Le chien devra croiser systématiquement, cette ligne de senteur et ce, à bonne distance afin de flairer le gibier.

La topographie, les accidents de terrain et le relief de la végétation (bordure d’un boisé) ajoutent des effets variables à la présence de vent. Une dépression du terrain, lors d’une journée venteuse, gardera les odeurs et en dégagera peu. La présence d’une colline créera des effets de turbulences, des tourbillons et des cuvettes. Vous comprendrez donc que l’odeur du gibier ne s’étale pas uniformément dans la nature et elle peut prendre des directions imprévisibles et difficilement détectables. Ces conditions ne facilitent pas la tâche de notre auxiliaire.

Durant les heures froides du petit matin, avant le lever du soleil, les courants thermiques circulent vers le bas le long des flancs de montagnes. Avec le lever du soleil, l’air se réchauffe graduellement et les courants thermiques s’élèvent vers le haut, le long des flancs de montagnes. Le soir, l’inverse se produit et les courants thermiques courent vers le bas de la montagne à mesure que l’air se rafraîchit.

En ce qui concerne notre fameux oiseau, le vent ne lui sert qu’à s’envoler. Son odorat n’étant guère développé, il ne peut utiliser les émanations véhiculées dans l’atmosphère pour détecter l’approche de l’homme ou de son auxiliaire. Par contre il possède un sens de l’ouie très développé, c’est uniquement le bruit de l’approche qui déclenche ses réflexes de fuite, soit en piétant soit en décollant.


Les conditions météorologiques

L’odeur peut variée de jour en jour, d’heure en heure, de lieu en lieu et évidemment selon l’exposition au soleil, la gelée au sol. Tout ceci encore plus l’automne, en période de chasse alors que température et humidité varient beaucoup. Généralement, l’odeur tend à être pauvre tôt le matin et s’améliore peu à peu a mesure que le soleil se lève, l’air chaud ayant tendance à monter et le réchauffement de l’air soulevant l’odeur. Celle-ci se détériore avec la chaleur de la mi-journée et s’améliore avec la progression de l’après-midi, pour être à son meilleur environ une heure avant le coucher du soleil, l’air frais descend en soirée et la baisse de la température conserve l’odeur près du sol.

Il n’y a aucun doute, les conditions atmosphériques ont un profond effet sur l’odeur et peuvent diminuer l’efficacité olfactive du chien. Toutes conditions extrêmes sont mauvaises pour l’odorat. On sait que les températures ambiantes froides ou au contraire élevées, tout comme un degré hygrométrique faible ou une pluie battante réduisent dans de fortes proportions les possibilités du flair de nos chiens.

Les températures idéales se situent entre 5° et 15°C. En bas de 0°C les conditions réduisent les possibilités du flair. En fait, le froid a tendance a garder l’odeur près du sol, à assècher l’air qui ne retient pas bien les odeurs. Une gelée blanche matinale au sol représente une mauvaise condition puisque celle-ci n’absorbe et ne garde que peu ou presque aucune odeur. Lorsque la température de l’air est plus froide que la température du sol, les conditions seront de stables à bonnes. Dans le cas inverse, soit une température chaude au-dessus d’un sol froid, l’odeur aura tendance à s’évaporer. Une gelé matinale exposée au réchauffement du soleil présentera d’assez bonnes conditions, puisque le dégel libérera des odeurs captives. En fait, la chaleur soulève l’odeur mais la chaleur intense a tendance à la faire évaporer, ce qui représente de mauvaises conditions d’odorat.

L’humidité est un facteur essentiel pour les conditions d’olfaction. Un temps sec est défavorable puisqu’il ne retient pas bien les odeurs et l’air contiendra moins de molécules odorantes, le chien aura de la difficulté à trouver les oiseaux. En contrepartie, un temps humide et même très légèrement pluvieux, maintiendra l’odeur plus longtemps et le cône d’émanations aura une forte densité de molécules odorantes, ce qui sera favorable au nez du chien. La rosé du matin qui s’évapore sera un atout pour le flair.

Lorsqu’il pleut ou qu’il neige, il est difficile pour le chien de percevoir l’odeur puisque celle-ci est amoindrie. Même si la pluie représente un taux d’humidité favorable, elle peut former un rideau à la propagation du cône d’émanations. Une forte pluie lave l’odeur qui disparaît. Une chute de neige causera de mauvaises conditions d’olfaction. La neige gèle et représente un couverture qui retient l’odeur au sol. (Voir tableau à la fin de l’article)


La végétation

La nature de la végétation et le type de sol affectent la performance de l’odorat canin. Nous devons en tenir compte à la chassel. Le sol et la végétation sont eux-mêmes des sources d’odeurs. Si nous percevons les arômes dégagés par la végétation, on peu imaginer l’amplitude de ces émanations qui atteignent le chien. Les couverts fortement odorants ont tendance à masquer l’émanation du gibier. Souvenez-vous des odeurs d’un sous-bois tapissé de feuilles mortes un matin humide d’automne ou bien, un champs d’herbes vertes plein de chlorophylle; tous deux ont tendance à freiner l’odeur du gibier et compliquent le travail du chien. Vous aurez avantage à ralentir et à réduire la quête du chien dans ces milieux. En fait, le chien doit détecter, décoder et classifier toutes ces effluves. Contrairement et ce tout à l’avantage du chien, vous remarquerez qu’une végétation trempée par la rosé ou un couvert de fougères permettront de bien garder l’oeur. Il faut aussi tenir compte du type de sol, puisqu’un sol peu compact tel que le sable et la terre noire a tendance à absorber l’odeur tandis qu’un sol compact permet à l’odeur de flotter dans l’air en de longues traînées.


Lui apprendre à se servir de son nez

Vous ne pourrez pas augmenter la puissance olfactive de votre chien, en fait le flair ne s’améliore peu avec le temps. Avec un entraînement méthodique et des sorties fréquentes, vous permettrez au chien d’exploiter et de développer au maximum les qualités naturelles dont il est doté. Vous apprendrez au chien a analyser et à réagir plus précisément aux informations odorantes reçues

Le chiot commence par se servir de ses yeux. Le monde est nouveau pour lui. Il apprendra se servir de son nez au fur et à mesure des hasards et des rencontres avec le gibier. Par contre, il aiguisera plus rapidement et mieux ses sens s’il est conditionné à s’en servir. La règle est de débuter à développer sa quête face au vent, afin de lui permettre de détecter l’odeur du gibier en s’aidant du vent. Il découvrira lui-même l’intérêt de passer des yeux au nez et de croire en celui-ci. La progression normale sera donc d’utiliser son nez et le vent et ensuite les pattes au service de son nez pour ainsi trouver du gibier. A mesure que le chien s’affirmera, il apprendra par lui même comment utiliser le vent, en ajustant sa quête et son patron de chasse et en apprenant à se débrouiller à contre vent, par temps très sec ou très froid. Vous devriez saisir toutes les opportunités possibles pour développer son intelligence et son expérience. Permettez-lui de prendre de l’expérience sur une vaste variété de terrains, de gibiers et de conditions possibles. Laissez le, autant que possible, travailler et résoudre à son propre rythme les situations qui surviennent, mais ce toujours sous contrôle. C’est la somme des expériences acquises lors de chaque situation qui fera la différence.




Vent
Type de temps
Conditions
Commentaires
Grand vent violent Tous les types Mauvaises Le vent disperse rapidement les odeurs.
Odeurs difficiles à localiser.
Grand vent violent Forte pluie Mauvaises La pluie forme un rideau.
La pluie lave la senteur.
Léger Neige au sol Difficiles Les odeurs sont figées, bloquées et retenues au sol.
Léger Gelée au sol Difficiles La gelée n'absorbe aucune odeur.
Le vent et la gelée figent et gardent les odeurs sur place
Sans vent Temps sec et froid Mauvaises Le temps sec ne retient pas bien les odeurs.
La température froide garde la senteur près du sol.
Le nez du chien est gelé.
Léger Dégel Mauvaises Le vent disperse toutes sortes d'odeurs captives du gel.
Léger Fortes pluies Difficiles Odeurs inexistantes ou amoindries ou lavées par la pluie.
Végétation détrempée.
Léger Chaud, humide
(ex: après orage)
Mauvaises L'odeur s'évapore due à la chaleur.
La chaleur et l'humidité saturent le nez du chien.
Sans Chaleur Mauvaises L'odeur monte extrêmement vite et s'évapore.
Léger Tems sec et/ou froid Moyennes
à
mauvaise
Le temps sec ne retient pas bien les odeurs.
La température froide garde la senteur près du sol.
Le vent améliore un peu ces conditions.
Léger Chaleur Moyennes L'odeur est soulevée et monte.
Le vent améliore un peu les conditions.
Léger Tempéré Bonnes Le vent soutient un cône d'émanation très ouvert.
La senteur se soulève suffisamment.
Le taux d'humidité maintient suffisamment l'odeur.
Léger Humide et/ou pluvieux Idéales Cône d'émanation très concentrée.
L'humidité maintient l'odeur plus longtemps.
Léger Rosée au sol Excellentes Bon taux d'humidité.
Végétation détrempée.
Évaporation au matin.



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